Prendre corps

Antoine Petel

DE LA LÉGÈRETÉ

Je ne comprends pas ce que signifie « être vivant ». Depuis longtemps, ma curiosité m’appelle vers des sujets qui parlent de forme animée, de morphogénèse, de croissance…Tout mon travail se construit à partir de ces interrogations....

C’est le tout début de la vie. Il faut imaginer un point en mouvement. Pas encore une cellule, peut-être un point mathématique, c’est-à-dire sans corps. Comme une intention en mouvement qui cherche le chemin pour exister.

Dans son parcours, ce point décrit une ligne, puis un dessin, que le fil d’inox me permet de figurer. C’est une construction à deux, le hasard du jeu avec l’espace et le savoir que j’ai acquis sur les sujets du vivant. Le dessin est comme une naissance à l’espace dont les lignes resteront la structure vertébrale de la sculpture. Elle gardera ainsi la mémoire d’un début, comme un souvenir d’enfance : tout est toujours un commencement.

À l’intérieur de cette réalité, la terre émaillée prend sa place. Elle est le vecteur de l’incarnation de la forme. Elle se colore, se texture parfois. Elle devient un point univers, un animal, une graine, une feuille. La terre répond à la ligne, elle en joue et finalement, donne son le sens à l’ensemble.

Cette logique de points colorés me permet de conserver une cohérence avec l’idée d’individualité, de singularité et de lier toutes les échelles du monde : étoile, cellule, atome ou individu. Elle conduit mon propos vers un corps symbolique, un corps vivant ou un corps social.

Par cette écriture ponctuée, la céramique se fait légère et colorée. Elle réalise une image qui chante, qui nous ressemble et ouvre le chemin vers une sensation de légèreté, de fragilité, inattendue comme la vie.