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Antoine Petel  

 

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Michel Natier

 

 

Parler d’un artiste ne peut se faire qu’au regard de son œuvre, et discourir sur l’œuvre ne pourrait se concevoir en faisant abstraction du contexte et de ce qui fait l’art d’aujourd’hui.

 

Antoine Petel vient de la peinture, c’est une empreinte indéniable, mais il vient aussi de la science. Peuplées de signes, de bribes de cellules, ses images sont celles d’une alchimie où la biologie est un terreau fertile à la création.

 

Ce n’est pas une posture récente chez lui. Si un passage en fac de biologie n’a pas réussi à le détourner de la couleur ni de la matière, il a conservé ces nécessaires facultés que doivent posséder le chercheur, la mobilité d’esprit, la curiosité, la capacité d’invention et la prise en compte des plus récentes découvertes et investigations scientifiques.

 

J’ai eu la chance de voir son travail évoluer depuis les années 80 aux Beaux-Arts de Paris jusqu’à aujourd’hui. Son chemin n’est pas dicté par la fluctuation des tendances, et ne s’infléchit pas devant les discours. La démarche est plus profonde, l’objectif tenace et récurrent. Il poursuit sans se laisser distraire ou écarter de ce qui constitue le fondement de son travail, guidé par une résonance sensible. Chaque œuvre participe de façon cohérente à la construction d’un univers qui chaque jour s’illumine un peu plus et fait montre d’une identité propre.

 

À la lumière de sa dernière œuvre serions-nous tentés de tracer un parallèle entre son travail et la définition même d’une asymptote : « ligne droite qui s’approche infiniment d’une courbe, sans pouvoir jamais la toucher ». Quête sans cesse renouvelée de l’artiste, qui à chaque nouvelle pièce se met en danger, guidé par la volonté d’aller plus loin, de s‘améliorer, mais aussi de retrouver l’émotion unique du plaisir de créer.

 

L’œuvre de Petel est singulière, elle ne cherche pas à simuler, à l’inverse de certains insectes doués de la possibilité d’imiter les autres afin de disparaître du paysage par mimétisme, comme le phasme qui se fait passer pour une feuille ou une branche pour mieux duper ses prédateurs. La nature n’est pas copiée, elle est réinventée dans sa complexité. Son intérêt pour la phénoménologie, science des idées qui viennent par la perception sensible, semble le rapprocher de la philosophie de Hegel. Mais ici s’arrête le rapprochement car Petel ne sublime pas la nature, il en ressent la permanente mutation, son travail introduit l’idée d’un esthétisme du changement, de l’évolution.

 

L’œuvre de Petel est identifiable, parce qu’unique. Sans concession, elle joue son propre effet.

 

De la peinture, dont il conserve le jeu des couleurs, il est parvenu à l’objet façonné. Par l’intermédiaire du métal formé, chauffé, soudé et peint il donne corps à un univers végétal et/ou animal. Dispositifs savants qui valident la réalité de cet imaginaire intarissable. Sculpteur, il dessine des lignes dans l’espace pour esquisser les pleins des volumes. La forme résulte d’une logique organique qui semble naturelle. Aucune aberration ne vient troubler l’organisation de ces cellules hybrides.

 

Peintre, botaniste, naturaliste, biologiste, alchimiste, inventeur, il sème ses graines et attend de voir exploser de nouvelles formes. Et si, dans cette logique de pensée, à force d’inventer de nouvelles formes d’organismes, ils devaient finir par exister réellement ?

 

 

 

Michel Natier, 2007

 

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